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je ne regarde, n’imagine, ni même ne lis / l’image photographique je la vois sans savoir / la voyant je commence à penser et d’une certaine manière à écrire / auteur de ce que je vois / la photographie me permet de saisir ce que je ne vois pas encore / elle autorise la virtualité d’une chose à venir / sans raison apparente elle prétexte ce qui pourrait être vu / une histoire, un récit, une fiction / c’est donc sans savoir ce que je vais voir que tout commence / il y a d’abord un temps où j’accepte sans savoir, ni voir de sentir et ressentir / il y a un insu qu’il me faut préserver de l’intention d’un but à atteindre et de la volonté d’en finir / d’ailleurs je n’en finis pas / j’erre sans cesse et sans raisons là où les lieux ne constituent pas une source d’inspiration ou de révélation / là où ni l’identité, ni l’histoire, ou l’événement ne font véritablement sens / et c’est ainsi à force d’errance et par la puissance de ce qu’elles ne montrent ni ne démontrent que la réalité des images que je réalise devient volontairement discutable / des images qui trébuchent et se vautrent sur la réalité comme les mots « le chien aboie » butent et s’affalent sur le chien qui aboie et le font disparaître / des images qui ne peuvent reproduire, prouver ou illustrer fidèlement, vraiment ou exactement ce qui est et qui renvoient de la réalité une impression empreinte d’ambivalence et de perplexité / espace, lieu, endroit ou édifice où quelqu’un.e est venu.e faire et ajouter quelque chose à ce qui existait déjà / moment quelconque où quelque part anonymement quelqu’un.e à la fois construit et détruit quelque chose / de là et de ça des images apparaissent / la plupart du temps des images désertées où plus rien n’opposent ni ne distinguent la construction de la destruction / seule persiste la conséquence d’un geste / prémédité ou non / isolé ou combiné / pérenne ou éphémère / un geste inhérent à la faculté de faire et d’intervenir que l’humanité se partage et se dispute / et c’est à force de saisir cette aptitude à transformer ce qui est et d’observer l’ambivalence et la perplexité des images saisies, que je me décide et parviens à les trier, les rapprocher, les enchaîner, les agencer / du maniement des images des propositions et dispositif de monstration surgissent et prennent forme / des envies d’expositions, d’éditions, d’installations façonnées par l’intention de laisser entre les images photographique et le regard qui leur fait face la place à l’élaboration d’une histoire, d’un récit ou d’une fiction / une invention qui ne tient pas uniquement à ce qui est montré ou à ce qui peut être vu mais au deux à la fois / et où ce qui doit être regarder cède la place à une virtualité / une absence ou un manque / une vacance ou un suspend / une invention où regarder devient un acte / celui de voir / un acte par lequel chacun chacune peut exercer son plein pouvoir et son autorité d’auteur de ce qu’iel voit tout autant que de ce qu’iel ne voit pas
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